Principe fondamental utilisé en économie, découvrez comment fonctionne la Courbe de Phillips et son impact sur notre quotidien.
Alban William Phillips a noté l’incidence entre l’inflation, le niveau des salaires et le taux de chômage. Il a matérialisé son principe par une courbe à laquelle il a donné son nom. Qu’est-ce que la courbe de Phillips ? Découvrez les explications simples et avancées de ce principe économique.
Sommaire
La Courbe de Philipps expliquée simplement
Dans sa version initiale, la courbe de Phillips schématise de façon simple la relation inversée que l’économie constate entre les niveaux du chômage et des salaires. Elle a ensuite été transposée au rapport entre inflation et chômage.
L’étude d’Alban Phillips, publiée en 1958, porte sur les niveaux de chômage et les salaires nominaux relevés au Royaume-Uni entre 1867 et 1957. Rapportées sur un repère orthonormé, les données tracent une courbe à l’allure de fonction décroissante. Elle montre que statistiquement, plus le nombre de chômeurs est grand, moins les salaires sont élevés ; et inversement.
Ce rapport établi par Phillips démontre comment les leviers que sont le chômage et l’inflation s’influence l’un l’autre et peuvent être utilisés pour orienter une politique économique.
Le principe économique expliqué en détails
Grâce à son étude sur les salaires nominaux et le taux de chômage en Grande-Bretagne dans les années 1867 à 1957, Alban William Phillips a mis en évidence le rapport d’influence entre ces deux données. La Courbe de Phillips est un précepte économique majeur, notamment pour déterminer les politiques inflationnistes. Il permet aussi de maîtriser le taux de chômage, influer sur l’épargne et la consommation des ménages.
La lecture de la Courbe de Phillips, qui s’apparente à une fonction décroissante, montre que des salaires nominaux bas vont de pair avec un faible taux de chômage. À contrario, les salaires nominaux sont plus hauts dans les périodes où le nombre de chômeurs est faible.
L’interprétation de la Courbe de Phillips
Lorsque le niveau de chômage est fort et qu’il y a peu d’offres de postes à pourvoir, les chômeurs acceptent des rémunérations peu élevées pour trouver un emploi. Les collaborateurs en poste, par peur de se retrouver au chômage, revendiquent peu d’augmentation de salaire. Les salaires nominaux sont donc faibles tandis que le chômage est élevé.
Lorsque le nombre de chômeurs est faible, les entreprises peuvent être confrontées à une pénurie de main d’œuvre. Elles cherchent à retenir leur capital humain, notamment par des augmentations de salaire. La baisse du niveau de chômage est marquée par une hausse des salaires nominaux.
Salaire, inflation et chômage
Les salaires déterminent la consommation des ménages. Plus ils sont hauts, plus la demande est forte et donc les prix élevés. Du côté des entreprises, la masse salariale représente l’une des principales charges.
L’augmentation des salaires est donc répercutée sur les prix des biens et des prestations commercialisés par les entreprises afin qu’elles préservent leur résultat. Le niveau des salaires impacte l’inflation.
Aussi, la représentation de la Courbe de Phillips sur son repère orthonormé mentionne souvent l’inflation sur l’axe des ordonnées en lieu et place des salaires nominaux. L’axe des abscisses reste dédié au taux de chômage. Les termes employés ne changent en rien la trajectoire de la courbe.
Celle-ci peut néanmoins être décalée, le degré d’incidence entre les taux d’inflation et de chômage n’étant pas figé.
Le mythe de la Courbe de Phillips
Les politiques macroéconomiques, notamment celles dans la mouvance keynésienne, se sont longtemps appuyées sur la Courbe de Phillips. Néanmoins, celle-ci a montré ses limites et son existence même fait régulièrement l’objet d’une remise en question. L’économiste Forder parle même de mythe.
De nombreux économistes s’accordent à dire que la relation entre chômage, salaires et inflation est plus complexe. Cet argument s’est notamment illustré en 1970, quand l’économie a connu une période de stagflation. Le taux de chômage a augmenté concomitamment à celui de l’inflation. Or, ce cas n’est pas représenté sur la Courbe de Phillips.
L’inertie de l’inflation en fait par ailleurs un phénomène durable qui peut modifier sensiblement la Courbe de Phillips. Les comportements non-rationnels des consommateurs, une forte demande que les entreprises n’arrivent pas à satisfaire, l’anticipation d’une probable hausse des prix, les négociations salariales menées dans les entreprises peuvent générer de l’inflation et déséquilibrer l’économie.
Un exemple qui ne prend pas en compte l’instabilité et le chômage naturel
Des périodes d’instabilité, comme les chocs pétroliers par exemple, peuvent aussi se répercuter soudainement et sensiblement sur le niveau de l’inflation. Enfin d’après Friedman, un seuil de chômage naturel, structurel ne peut pas être effacé, en raison d’une illusion monétaire. La conjoncture n’impacte pas ce niveau de chômage.
Lui constate que les prix qui augmentent génèrent plus de chiffre d’affaires aux entreprises, qui peuvent choisir d’embaucher plutôt que d’augmenter les salaires des employés déjà en poste. La répercussion de l’inflation se fait plus rapidement du côté des entreprises que de celui des salariés. Ceux-ci perdent du pouvoir d’achat puisqu’à revenu égal, le coût de la vie augmente.
Cette réalité est souvent perçue par les salariés de manière décalée. La consommation des ménages finit par se réduire pour s’adapter aux salaires réels, mais cela prend du temps. Les revendications pour des hausses de salaire naissent, les entreprises sont moins demandeuses en travail et le chômage repart à la hausse jusqu’à revenir à son seuil de départ.
Pour Friedman, la courbe s’aplatit et devient à long terme une droite qui se déplace à la verticale.
Conclusion
Bien qu’elle fasse régulièrement débat, la Courbe de Phillips reste un pilier pour comprendre les politiques économiques de relance et les intrications qui existent entre le chômage et l’inflation.