GFI : investir dans les forêts, une opportunité verte ou un pari risqué ?

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L’investissement en GFI, ou Groupement Forestier d’Investissement, suscite un intérêt croissant parmi les investisseurs cherchant à conjuguer rendement financier et engagement environnemental. Mais que cache réellement cet acronyme encore méconnu du grand public ? Est-il une opportunité fiable dans un portefeuille diversifié ou une simple mode verte ? Dans cet article, nous décryptons pour vous les arcanes de cet investissement forestier, entre potentiel de valorisation, avantages fiscaux et risques souvent sous-estimés.

Sommaire

L’essence même du GFI : une symbiose entre nature et capital

GFI investir dans les forêts, une opportunité verte ou un pari risqué
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Un Groupement Forestier d’Investissement est avant tout une société civile d’investissement destinée à acquérir et gérer des forêts. Les investisseurs, en achetant des parts, deviennent indirectement propriétaires d’un patrimoine forestier. Mais là où les SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier) misent sur des bâtiments, le GFI s’ancre dans des hectares de bois et de futaies. Le rendement provient à la fois de l’exploitation forestière – pensons au bois de chauffage, à l’ébénisterie ou même à la chasse – et de la revalorisation foncière. Mais ne nous méprenons pas : cet investissement ne promet pas des gains immédiats. Il s’agit d’un engagement à long terme, souvent sur une dizaine d’années, où patience et vision s’avèrent indispensables.

Or, au-delà des considérations purement financières, le GFI répond à une quête d’éthique. Face à la montée des enjeux climatiques, posséder une forêt, c’est aussi contribuer à la captation de carbone et à la préservation de la biodiversité. Vous vous demandez sans doute : cet argument environnemental est-il sincère ou relève-t-il du greenwashing ? Tout dépend du GFI que vous choisissez, mais la réglementation impose des gestions durable et responsable. Un point rassurant, mais qui ne doit pas occulter les défis opérationnels de la sylviculture.

Avantages fiscaux et stratégies patrimoniales

Pourquoi les investisseurs avertis se tournent-ils vers les GFI ? Outre la valorisation potentielle, ces groupements offrent des avantages fiscaux non négligeables. L’investissement dans une forêt est éligible à une exonération partielle de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI). En effet, jusqu’à 75 % de la valeur des parts peuvent être déduits de la base imposable, à condition que l’investisseur conserve ses parts pendant au moins deux ans.

Ajoutons à cela une réduction d’impôt sur le revenu via le dispositif Monichon : 18 % du montant investi, dans la limite de 50 000 euros pour une personne seule, peuvent être déduits. Toutefois, ces avantages fiscaux s’accompagnent de contraintes. Vous devrez réinvestir dans des groupements agréés et respecter les critères d’éligibilité – autant de subtilités qui justifient un accompagnement par un conseiller en gestion de patrimoine.

Et que dire de la transmission patrimoniale avec le GFI investissement ? La forêt, souvent associée à un patrimoine familial, bénéficie d’une fiscalité avantageuse. En cas de succession ou donation, l’exonération d’assiette s’élève à 75 % pour les bois et forêts conservés au moins trente ans. Cela explique pourquoi les GFI s’inscrivent fréquemment dans une stratégie de transmission intergénérationnelle. Mais attention, un cadre fiscal favorable ne doit jamais faire oublier les risques inhérents à tout investissement. Une bonne question à se poser serait : à quel point le rendement potentiel peut-il compenser l’immobilisation et les aléas ?

Risques et rendements, une balance à analyser finement

Investir en GFI, est-ce une décision de pur bon sens ou un pari audacieux ? Si la réponse paraît simple sur le papier, la réalité est bien plus nuancée. L’un des principaux défis reste l’illiquidité. Contrairement à des actions cotées ou à des parts de SCPI, vendre ses parts de GFI peut s’avérer complexe et long. Le marché secondaire étant peu développé, vous pourriez attendre plusieurs mois avant de trouver un acquéreur.

Côté rendement, les perspectives oscillent entre 1 % et 3 % par an. Cela peut sembler modeste comparé à d’autres classes d’actifs, mais le GFI n’a pas vocation à rivaliser avec les performances de la Bourse. Son attrait repose sur sa stabilité et sa résistance aux chocs économiques. Toutefois, des imprévus tels que des tempêtes, des incendies ou des infestations de parasites peuvent grever le rendement, voire provoquer des pertes. Les assurances existent, mais elles grèvent aussi la rentabilité nette.

Vous vous interrogez peut-être : et si je me laissais tenter par cette aventure forestière ? L’analyse d’un projet de GFI n’est pas à prendre à la légère. Étudiez scrupuleusement les rapports d’exploitation, les bilans financiers et les perspectives de revalorisation des terrains. Et surtout, évaluez votre horizon d’investissement : si vous recherchez des liquidités rapides, mieux vaut passer votre chemin.

Comment choisir le bon GFI ?

Tout comme vous ne choisiriez pas une robe de créateur sans examiner la coupe, le tissu et les finitions, ne choisissez pas un GFI sans une due diligence rigoureuse. Privilégiez des groupements certifiés PEFC ou FSC, gages d’une gestion forestière durable. Analysez également la localisation des forêts. Un massif en zone tempérée offrira une meilleure résistance aux aléas climatiques qu’une parcelle dans une région sujette aux incendies.

Enfin, intéressez-vous à la composition de l’actif. Une forêt diversifiée, composée de différentes essences et âges d’arbres, réduit les risques. Le gestionnaire joue également un rôle clé : optez pour une équipe disposant d’une expertise avérée en sylviculture et en gestion d’actifs.

Une racine solide pour votre portefeuille ?

L’investissement en GFI est une aventure à la croisée des chemins entre finance et environnement. Il offre un moyen unique de diversifier son patrimoine tout en soutenant la préservation de ressources naturelles précieuses. Mais, comme tout investissement, il n’est pas exempt de risques. Avant de vous lancer, pesez soigneusement les avantages fiscaux et les potentielles contraintes. Et surtout, posez-vous la question : cet investissement s’accorde-t-il à mes objectifs et à ma capacité à immobiliser du capital ? Une chose est sûre, si vous aimez l’idée de voir pousser des arbres en même temps que votre patrimoine, le GFI pourrait bien être votre prochain coup de cœur financier.

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Thierry
Ancien responsable d'unité d'un back-office au siège d'une banque, j'ai décidé de consacré une partie de ma retraite à informer toute personne à la recherche d'information dans le cadre de la gestion de son argent.