Investissement très rentable mais risqué notamment sur sa durée limitée, focus sur ce qu’il faut savoir avant d’investir dans une SPAC.
Actions individuelles, ETF, fonds d’investissement… divers produits s’échangent sur les places boursières. L’un d’entre eux retient particulièrement l’attention des investissements boursiers depuis quelque temps : les sociétés d’acquisition à vocation spécifique, ou SPAC. On assiste à une véritable montée des SPACs. Présentation.
Sommaire
Bourse : qu’est-ce qu’une SPAC ?
SPAC est l’acronyme anglophone désignant une société d’acquisition à vocation spécifique (Special Purpose Acquisition Company).
Il s’agit d’une société introduite en bourse sans activité opérationnelle. Son objectif est de lever des capitaux, de collecter des fonds pour fusionner avec au moins une autre entreprise existante non cotée en bourse. On parle de véhicule d’investissement. La SPAC et la société ciblée doivent fusionner à terme, amenant la cible à être cotée sur les marchés boursiers.
Les créateurs d’une SPAC sont appelés des sponsors. Les investisseurs qui achètent les actions de la SPAC ne connaissent pas sa cible. Néanmoins, les sponsors sont réputés connaitre le secteur d’activité concerné, laissant présumer de l’entité sociale visée par le projet de fusion.
Un temps limité pour concrétiser le rachat via une SPAC
La SPAC dispose de 24 mois pour racheter l’entreprise ciblée. Ce, grâce aux fonds récupérés auprès des investisseurs. L’argent collecté est mis sous séquestre jusqu’à réunir la somme nécessaire à l’opération de fusion-acquisition. La SPAC prend alors le nom de l’entité absorbée, contre le versement de la contrepartie financière.
Si le projet ne peut être mené à bien, les investisseurs se partagent le capital au terme du délai imparti. Comme pour tout achat d’action, les investisseurs misent sur la réalisation d’une plus-value. Ils acceptent néanmoins de céder 20% des fonds investis aux sponsors.
Pourquoi les SPACs séduisent-elles les investisseurs ?
Les sponsors peuvent s’octroyer 20 % des actions émises par la SPAC. En cas de succès, c’est l’assurance d’une rentabilité que peu de produits financiers peuvent soutenir. À noter que dans le pivate equity, cette rémunération appelée carried interest n’est délivrée que sous réserve de l’atteinte d’un certain seuil de rentabilité ou de valorisation.
Les actions traditionnelles sont émises par des entreprises déjà matures. Si leur stabilité est rassurante pour un investisseur, leur potentiel de croissance s’en trouve limité. Les perspectives de profit aussi. Les sociétés cibles des SPACs ne sont pas encore cotées sur les places de marché. Leur introduction en Bourse leur apporte souvent un boost de notoriété et d’activité, largement profitable aux investisseurs.
Pour les entreprises cibles, fusionner avec une SPAC permet d’entrer rapidement en bourse, sans les contraintes liées à une IPO. Le coût de l’opération est largement moins coûteux.
Les sponsors d’une SPAC ont un devoir de transparence : les modalités du projet d’acquisition sont connues des investisseurs, tout comme l’état financier de l’entité. Les actions sont liquides et la SPAC reste ouverte aux opportunités du marché.
Des véhicules d’investissement largement plébiscités
Certains investisseurs peuvent se montrer frileux envers les SPACs. Car comme tout produit boursier, investir dans une SPAC n’est pas sans risque pour les fonds apportés. La rentabilité et le profit espérés ne sont pas garantis. Et la SPAC s’accompagne d’une forte dilution pour les investisseurs.
L’incertitude quant à l’entreprise ciblée demande une très grande confiance dans le jugement des sponsors. L’investissement repose sur des perspectives, des probabilités d’après son ressenti du marché sur un secteur donné. Le délai de 24 mois, avec à terme une possible dissolution de la SPAC en cas d’échec de la fusion avec l’entreprise ciblée, est aussi un frein pour certains investisseurs.
Un placement récent sur le marché
L’arrivée des premières SPACs en Bourse remonte à quelques années déjà, donnant du recul sur les performances réelles de tels projets. Malgré des valorisations très disparates, la montée des SPACs reste une réalité fulgurante.
C’est en 1990 que les premières SPACs arrivent sur les places de marché américaines. En 2020, aux Etats-Unis, la moitié des entrées en Bourse se font via les SPACs. Une SPAC s’inscrit dans les annales en multipliant sa cotation par 13 lors de la fusion-acquisition.
Il faut attendre plus d’une décennie avant qu’elles ne fassent leur entrée sur les places de marché européennes. Elles restent moins nombreuses que les SPACs américaines, mais sont toutefois des acteurs majeurs, les investissements représentant à chaque fois plusieurs millions d’euros.
Nouvelles technologies, santé, armement, médias, télécoms, vente de détail, énergie, finance, BTP, logistique… des SPACs sont lancées dans tous les secteurs d’activité.
Un investissement risqué mais très rentable
Les SPACs ont connu leur plus fort engouement en 2021. Malgré quelques échecs notables de SPACs, l’intérêt pour ces véhicules d’investissement reste fort. Les sociétés d’acquisition à vocation spécifique sont une belle opportunité pour certaines entreprises non cotées, qui peuvent y trouver un véritable tremplin. Aux Etats-Unis, le nombre de SPACs sur les marchés boursiers est très élevé. En Europe, cette méthode d’introduction en Bourse est plus jeune mais profite du retour d’expérience du marché américain. L’AMF veille à éloigner le risque de dérives et de bulle spéculative.